Spiritualité sur Radio
Silence
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Méditation pour le temps
présent par
Paulette Leblanc
Contempler l'Eucharistie
La
Résurrection de Jésus est la base, le fondement du christianisme. Jésus
ressuscité dans un corps glorieux aurait pu, puisqu'Il savait que nombreux
seraient les hommes, qui, au cours des siècles, ne voudraient pas de Lui, s'en
retourner définitivement vers le Père. Mais Jésus avait dit à ses apôtres: "Il vous est utile que je m'en aille…
Mais je ne vous laisserai pas orphelins…" Jésus avait dit aussi: "Lorsque deux ou trois sont réunis en
mon nom, je suis au milieu d'eux." Et, peu de temps avant sa mort, Jésus,
prenant du pain dira: "Prenez et
mangez-en tous: ceci est mon Corps livré pour vous." Prenant ensuite
la coupe de vin, Jésus dit: "Prenez,
et buvez-en tous, car ceci est mon sang
versé pour vous." Et Jésus ajouta: "Vous
ferez ceci en mémoire de Moi."
Après
cette dernière Cène, ce dernier repas pris avec ses apôtres, Jésus partit vers
sa Passion. Dans quelques heures, tout sera accompli. Mais revenons à notre
contemplation de Jésus instituant l'Eucharistie. Montrant le pain, Jésus dit: "Ceci est mon Corps… mon Corps
livré…" À ce moment précis, c'est Jésus Lui-même qui parle. Il peut
changer la forme de son Corps et être à la fois visible normalement comme tout
être humain bien vivant, tout en se trouvant aussi dans le pain et dans le vin
qu'Il vient de consacrer. Ce jour-là, les apôtres ne comprirent rien, mais dès
qu'ils auront reçu l'Esprit-Saint que Jésus leur enverra plus tard, ils
comprendront. Maintenant, la Cène s'achève et Jésus continue son enseignement;
puis, avec ses apôtres, Il se dirige vers le Jardin des Oliviers. La Passion
est commencée.
Jésus
a insisté pour que les apôtres veillent et prient durant cette longue nuit.
Mais ils dorment. Luc, dans son chapitre 22 versets 39 à 46, raconte: "Étant sorti, Jésus s'en alla,
comme de coutume, vers le mont des Oliviers; les disciples aussi
l'accompagnèrent. Lorsqu'il fut arrivé à l'endroit choisi, il leur dit: 'Priez afin de ne pas entrer en tentation.'Et il s'éloigna d'eux environ d'un jet de pierre; et,
s'étant mis à genoux, il priait, disant:'Père, si vous voulez, détournez de moi
ce calice. Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre qui soit
faite.' Et lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. Puis, se trouvant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gouttes de sang, qui tombaient sur
la terre. S'étant relevé de sa prière, il vint vers les
disciples, qu'il trouva plongés dans le sommeil à cause de leur tristesse. Et
il leur dit: 'Pourquoi dormez-vous? Levez-vous et priez, afin que vous n'entriez point en tentation.' "
Or,
Pierre, Jacques et Jean, que Jésus avait placés à part des autres dans le
Jardin de Gethsémani,allaient, eux aussi, s'endormir. Ici il faut réfléchir à l'attitude
de Jean. Nous savons que saint Jean est le seul parmi les apôtres à avoir
accompagné Jésus jusqu'à sa mort. Tous les autres avaient fui… Nous trouvons le
récit de l'Agonie de Jésus chez Matthieu (26, 36 à 41), sauf l'épisode de la
sueur de sang, et chez Marc, (14, 35 à
42), mais rien chez Jean. Or nous savons que les apôtres Pierre et Jean, ont,
par humilité, omis les événements qui les mettaient en valeur. On comprend donc
que Jean se soit tu. Alors, comment les autres apôtres ont-ils connu les
détails très intimes de l'agonie de Jésus? Qui leur a raconté cet épisode si
douloureux? Jean, probablement, après la Résurrection ou après la Pentecôte. Il
avait certainement moins dormi que les autres, ce soir-là. De plus, entendant
les gémissements de Jésus, on peut supposer qu'il se soit approché
familièrement très près de Jésus, et qu'il ait entendu ses paroles et vu sa
sueur de sang. La suite, nous la connaissons: Jésus va être arrêté, les apôtres
vont fuir, Pierre reniera son maître, et Jésus va être crucifié et mourir. Mais
Jean restera jusqu'au bout avec son Maître, jusqu'au pied de la Croix, avec
Marie.
Ensuite,
ce sera la Résurrection et pendant quarante jours Jésus ressuscité se montrera
aux apôtres, aux disciples, et à beaucoup d'autres personnes, "jusqu'à cinq cents frères à la fois".
Jésus mangera plusieurs fois avec ses apôtres. Peut-on penser que Jésus
renouvellera souvent son geste de l'Eucharistie? Nous ne le savons pas car
l'Évangile ne nous le dit pas. Nous savons seulement, d'une manière certaine,
que, le soir de la Résurrection, c'est seulement au moment de la fraction du
pain que les disciples d'Emmaüs reconnurent Jésus. À plusieurs reprises Jésus
mangea avec ses apôtres, mais nous ne savons pas s'Il procéda à la fraction du
pain. Le temps passe; maintenant il est temps pour Jésus de rejoindre le Père.
C'est l'Ascension. Jésus est monté au Ciel. Alors, obéissant à la parole de
l'Ange, les apôtres rejoignent le Cénacle. Avec Marie, ils vont attendre un
nouvel événement… Ils ne savent pas très bien quoi. Enfin, arrive l'Esprit-Saint
promis. Les apôtres n'ont plus peur; immédiatement ils vont commencer à
évangéliser le monde… Ils procéderont aussi à la Fraction du pain, terme que
les premiers chrétiens utilisaient pour évoquer l'Eucharistie.
Les
apôtres vont partir évangéliser le monde connu à cette époque, essentiellement
l'empire romain. De plus, actuellement, des archéologues commencent à retrouver
des traces de l'évangélisation en Inde et en Chine, et même au Tibet, par
l'apôtre Thomas. Mais comment, dans l'Église primitive, les réunions
dominicalesse passaient-elles? Nous sommes sûrs que, dès le début, les fidèles,
de plus en plus nombreux, "étaient assidus à
l'enseignement des apôtres et aux réunions communes, à la fraction du pain et
aux prières." (Ac-2-42)Donc, il y avait déjà une sorte de
"messe" comportant des enseignements, et surtout la consécration du
pain et du vin: la fraction du Pain. Comment cela se faisait-il? Probablement
un peu n'importe comment, car les apôtres étaient certainement débordés, et les
premiers fidèles confondaient un repas ordinaire, avec ses possibles défauts,
et le Repas eucharistique. D'ailleurs les apôtres s'en rendront vite compte et
pour rester fidèles à leur tâche d'enseignement, ils institueront les diacres,
ainsi que le rappellent les Actes des Apôtres:
"En ces jours-là, comme le nombre des disciples
augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue
hébraïque: ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les
veuves de leur groupe étaient désavantagées. Les Douze convoquèrent alors
l'assemblée des disciples et ils leur dirent: 'Il n'est pas normal que nous
délaissions la parole de Dieu pour le service des repas.' Cherchez plutôt,
frères, sept d'entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis
d'Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche. Pour notre
part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole.' La
proposition plut à tout le monde, et l'on choisit: Étienne, homme rempli de foi
et d'Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un
païen originaire d'Antioche converti au judaïsme. On les présenta aux Apôtres
qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains."(Act 6, 1 à 6)
L'institution
des diacres était vraiment indispensable, car il fallait, de plus, lutter
contre les nombreux abus qui s'étaient déjà installés dans les assemblées.
Saint Paul en parle avec vigueur afin de condamner ces façons de faire, loin des
enseignements de Jésus. Il s'adresse aux Corinthiens: "En vous recommandant ce point, je n'ai garde de vous
louer de ce que vous vous assemblez, non pour votre avantage, mais pour votre
préjudice. Et d'abord j'apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée,
il y a des divisions parmi vous, -et je le crois en partie, car il faut qu'il y ait parmi vous des groupes
qui s'opposent, afin que les frères d'une vertu éprouvée soient manifestés
parmi vous- lors donc que vous vous réunissez ce n'est plus le repas du Seigneur
que vous célébrez; car, à table, chacun commence par prendre son propre repas,
en sorte que tels ont faim, tandis que d'autres se gorgent. N'avez-vous pas des
maisons pour y manger et boire? Méprisez-vous l'Église de Dieu, et voulez-vous
faire un affront à ceux qui n'ont rien? Que vous dirai-je? Que je vous loue?
Non, je ne vous loue point en cela."
Paul poursuit en rappelant, avec minutie, ce que Jésus a fait
immédiatement avant sa Passion: "Moi, je vous ai pourtant transmis ce que j'ai reçu
de la tradition qui vient du Seigneur: la nuit où il fut livré, il prit du pain, et après avoir rendu grâces, il
le rompit et dit: 'Ceci est mon corpslivré pour vous; faites cela en mémoire de
moi.' De même, après avoirsoupé, il prit la coupe pleine de vin et dit: 'Cette
coupe est la nouvelle alliance en mon sang; toutes les fois que vous en boirez,
faîtes cela en mémoire de moi.'
Ainsi donc, poursuit saint
Paul, toutes les fois que vous mangez ce
pain et que vous buvez le vin de ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur,
jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira à la coupe
du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur.Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il
mange dignement de ce pain et boive de ce calice; car celui qui
mange et boit indignement, sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit
son propre jugement.C'est pour cela
qu'il y a parmi vous beaucoup de gens débiles et de malades, et beaucoup sont
morts. Si nous nous examinions nous-mêmes nous ne serions pas jugés. Mais le
Seigneur nous juge et nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec
ce monde. Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous
les uns les autres. Si quelqu'un a faim qu'il mange chez lui, afin que vous ne
vous réunissiez pas pour votre condamnation."(1
Cor 11, 17 à 34)
Voici que tout s'éclaire. Entre la Cène du Seigneur donnant son
Corps et son Sang en nourriture à nos âmes,
juste avant d'aller vers sa Passion, et les "fractions du
pain", les Eucharisties de l'Église des apôtres, il y a une parfaite continuité. Si l'on a faim,
qu'on mange chez soi, car il faut respecter la Cène du Seigneur. Il faut adorer le Seigneur réellement
présent dans le pain et le vin consacrés; il faut vivre de ce Don de Dieu, Don
de l'Amour suprême.Par amour Dieu créa l'Homme,
de même par Amour Il vint à lui pour le délivrer de ses péchés et pour le
sauver des attaques du démon. Jésus, Parole de Dieu incarnée, voulant demeurer
avec les hommes pour les fortifier tout au long de leur vie, Jésus vécut avec
eux, souffrit sa Passion, fut crucifié, mourut puis ressuscita. Mais avant de
retourner vers son Père, Il nous laissa l'Eucharistie, immense mystère de
l'Amour, pour rester toujours avec nous comme Il l'avait promis lorsqu'Il avait
dit: "Voici que je dois retourner
vers le Père, mais je ne vous laisserai pas orphelins."
Les saintes espèces
consacrées sont vraiment Jésus présent: c'est notre foi. Jésus présent
réellement veut être aimé et "consolé". Saint Paul affirme dans son
Épitre aux Corinthiens que nous devons manger et boire le Corps et le Sang du
Seigneur avec dignité, sinon, affirme saint Paul, nous risquons la
condamnation. Mais, Dieu ayant permis que le pain et le vin puissent être
conservés, afin de pouvoir les porter aux malades, là où sont le pain et le vin
consacrés, là est Jésus.
Les saintes espèces
conservées dans nos tabernacles sont vraiment Jésus réellement présent. La
continuité entre l'institution de l'Eucharistie le soir du Jeudi-Saint et
maintenant est incontestable. D'ailleurs, l'attitude de nombreux saints nous le
prouve, notamment le jeune saint Tarcisius qui, vers 254, sous le règne de
l'empereur Valérien, préféra mourir plutôt que de laisser profaner les saintes
espèces qu'il portait, pour que les malades et les chrétiens condamnés au
martyre puissent communier. De plus, au cours des siècles, de très nombreux
miracles eucharistiques ont attesté la présence de Jésus bien vivant quoique
caché.
Mais pourquoi une telle
présence de Dieu sur la terre? Parce que les hommes sont des êtres sensibles
qui ont besoin de "choses" concrètes pour croire en Dieu et pour
prier. Les amoureux le savent bien, eux qui aspirent sans cesse à la présence
de l'être aimé. Jésus le savait encore mieux que nous. Bien sûr, Il avait dit à
ses disciples: "Lorsque deux ou
trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d'eux." Mais nous nous
sentons souvent seuls quand nous prions; aussi, lorsque
nous allons auprès du saint Sacrement, nous trouvons toujours Celui qui nous
aime et que notre cœur aime. Quel bonheur! Quelle joie! Quelle aide pour notre foi!